RER B (Nouvelle)

Publié le par Imaginath

Bonsoir,

Une petite nouvelle écrite pour un concours, dont je ne connais pas encore le résultat qui avait pour seule contrainte de citer une des stations de la ligne du RER B et de compter environ 1000 mots ! 

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Marie avait accéléré le pas, elle n’aimait pas trop rentrer seule dans cette banlieue !

Elle avait quitté Les Halles vers 20 heures car le lundi, elle avait la responsabilité de fermer le magasin de chaussures dans lequel elle était employée, elle avait sauté dans le RER B à Châtelet-Les Halles pour en descendre quelques dizaines de minutes plus tard à Aulnay- sous-bois   où elle vivait depuis toujours avec sa mère dans la cité de la Rose des Vents plus connue sous le nom de cité des 3000 !

Cette cité n’avait pas la meilleure réputation qu’il soit et pourtant elle y avait passé les meilleurs moments de son enfance, puis de son adolescence… Mais depuis que Kamel son ami de toujours avait fui la cité pour s’installer au vert, en Province, la vie aux 3000 n’avait plus la même saveur pour Marie.

Kamel et Marie avaient le même âge, ils habitaient sur le même palier dans l’une de ces énormes tours, leurs pères respectifs avaient longtemps travaillé à l’usine Citroën face à la cité.  Kamel et Marie se savaient différents mais ils avaient appris à accepter de n’être pas semblables… Et puis, lorsque Momo le père de Kamel était tombé malade, ils avaient déménagé du côté de Vesoul pour un air moins pollué qui avait grandement aidé à la guérison de Momo. Au début ils s’étaient écrit chaque semaine puis chaque mois, puis deux fois par an pour leurs anniversaire (en mai et en juillet). Depuis quelques années, ils s’étaient perdus de vue et ne correspondaient plus. Marie était devenue vendeuse en prêt à porter par choix, elle adorait la mode, les clientes, l’ambiance électrique des centres commerciaux bondés, la vie du Ventre de Paris, les Halles !

Ce soir-là quand elle foula le bitume du quai d’Aulnay, elle pensait à ce que sa mère lui aurait préparé à dîner, sûrement un bon repas dont elle avait le secret, et puis elles parleraient de son père, disparu quelques mois plus tôt emporté par cette saloperie de crabe qui ne lui avait laissé aucune chance de survie. Marie n’avait jamais pensé à quitter le cocon familial. Pour aller où ? Seule ? La sécurité de l’appartement de son enfance la rassurait.

En pénétrant dans le hall de son immeuble, elle entendit un bruit sourd, comme si quelqu’un était tombé lourdement… Elle grimpa les escaliers en trombe comme animée par une force surnaturelle, elle avait le pressentiment que quelque chose venait d’arriver à sa mère. Elle ouvrit la porte comme une furie et poussa un cri d’horreur !

Il était là, gisant sur le sol, baignant dans une mare de sang, frappé à la tête par ce qu’elle croyait être un inconnu… Elle ne mit que quelques secondes à reconnaître Kamel, son Kamel ! Quelles retrouvailles pensa-t-elle ! Elle s’approcha de lui, lui prit son pouls et vit qu’il respirait, il était blessé mais ce n’était que superficiel. Marie entreprit de le réveiller doucement et de l’installer chez elle. Elle ouvrit la porte de l’appartement et vit sa mère, prostrée, assise au sol avec entre les mains le roulement de roue que son défunt mari avait transformé en cendrier du temps où il travaillait chez Citroën. Marie comprit instantanément ce qui venait de se tramer mais elle ne s’expliquait pas pourquoi.

Elle soigna Kamel qui se réveillait doucement, elle prit sa mère dans ses bras et lui proposa de s’asseoir auprès d’elle, de reprendre ses esprits et surtout de lui expliquer pourquoi Kamel était là mais aussi pourquoi il s’était retrouvé dans cette fâcheuse posture.

Isabelle lui expliqua que quelqu’un avait sonné à la porte dans la soirée, qu’il avait insisté très fortement pour qu’elle lui ouvre. Il prétextait connaître Marie et voulait lui parler. Isabelle avait appelé la police qui lui avait demandé de ne pas ouvrir, puis une clé s’était glissée dans la serrure de la porte et il était entré doucement sans violence. Isabelle avait pris peur et lui avait assené un coup de cendrier sur la tête pensant à un malfrat… Ce n’est qu’une fois à terre, qu’elle reconnût Kamel. Il avait vieilli mais son visage d’ange lui était intact si l’on faisait fi de son arcade ouverte par le cendrier d’Isabelle. Elle avait rappelé la police pour leur demander de ne pas se déplacer et avait attendu le retour de Marie qu’elle savait imminent.

Isabelle pleurait maintenant à chaudes larmes quand Kamel émergea de son sommeil forcé, il regarda Isabelle, puis Marie et comprit immédiatement ce qu’il venait de se passer !

Quel idiot il avait été de ne pas s’annoncer, de ne pas dire qui il était… Maintenant qu’il était là, avec l’arcade fendue, il allait bien devoir expliquer sa présence !

Il prit les mains d’Isabelle et lui dit :

  • Isabelle, si je suis entré c’est parce que j’ai cette petite clé dans mon porte-monnaie depuis 15 ans, depuis que je suis parti. Tu te souviens, tu m’avais dit de la garder, que si un jour j’avais nulle part où aller je pouvais même entrer sans frapper dans ta maison, que je serai toujours le bienvenu.
  • Mon dieu Kamel, 15 ans ! 15 ans que tu gardes cette clé ! Tu penses bien que je l’avais oubliée. Je suis désolée de t’avoir accueilli de la sorte. Je ne t’ai pas reconnu
  • Ce n’est pas grave Isa, je suis venu vous annoncer deux choses, à toi et à Marie

Marie n’osa pas croire que son Kamel était revenu, qu’il ne l’avait pas oubliée, elle la petite gamine de la cité des 3000. Il était devenu un bel homme, typé, musclé. Il avait toujours pris soin de son apparence et la preuve en était.

  • Marie à toi je suis venu proposer de m’épauler dans le magasin de maroquinerie que je viens d’ouvrir à Poitiers ?
  • Isabelle à toi je suis venu proposer de quitter les 3000 pour l’appartement audessus de la boutique ?  Et accessoirement la main de ta fille que j’ai aimé depuis le premier jour où je l’ai vue, ici en bas de l’immeuble.

Isabelle et Marie tombèrent dans les bras l’une de l’autre… Marie était aux anges, elle avait retrouvé son Kamel, il voulait l’épouser et en plus il emmenait sa mère avec eux…

Une nouvelle vie allait commencer loin des 3000 et elle allait la savourer comme jamais.

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J'espère pouvoir étoffer cette rubrique consacrée à mes écrits, mes histoires, ce qui sort de ma petite tête quand je laisse mes doigts courir sur mon clavier... Mais parfois l'inspiration me manque, parfois elle est présente, pas de règle, juste de l'instinct, de l'envie !

Bonne soirée

A demain

Nathalie

Publié dans Mes Ecrits

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S
C'était bien sympa ! Et puis ça va bien avec tes dernières phrases, il a suivi son instinct ;) <br /> Bonne soirée <3
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